L’absorption passive, ça ressemble à ça : plus on pédale moins fort, moins on avance plus vite…

La description de l’absorption active explique que la vitamine B12 ne peut passer dans le sang que grâce au fameux facteur intrinsèque. Ce « facteur » est un peu comme celui de la poste, sauf qu’il ne peut pas porter plus que ce qu’il peut : sa sacoche est limitée à… une seule lettre !

« Un facteur = une molécule de vitamine B12 ! »

L’administration centrale du corps humain est depuis longtemps pour le partage du travail. Le corps humain envoie donc plusieurs facteurs en même temps. L’équipe des facteurs est toutefois limitée. La quantité de vitamine B12 qui peut passer dans le sang dépend donc du nombre de facteurs disposés à travailler.

De l’autre côté, les récepteurs de l’iléon sont des boîtes aux lettres qui ne peuvent pas recevoir plus d’une lettre à la fois. Le bourrage est interdit, tout comme la publicité ! Il faut donc que chaque facteur puisse mettre sa lettre (B12) dans une boîte aux lettres vide. Si le facteur ne trouve pas une boîte aux lettres vide, il ne pourra pas déposer sa lettre et finira sa course… dans les toilettes ! Triste sort pour un si courageux fonctionnaire.

Ce système sature rapidement. La vitamine B12 ne peut donc être absorbée qu’en petite quantité : il faut une molécule de vitamine B12 pour un facteur intrinsèque, ainsi qu’un récepteur disponible (boîte aux lettres). Cela explique la première recommandation de la communauté scientifique végane internationale :

« 1 microgramme (µg) trois fois par jour. »

Sur 1 microgramme ingéré, environ la moitié est absorbée. Au bout de 6 heures, les équipes de travail sont renouvelées et les boîtes aux lettres ont été relevées. On peut donc recommencer, et ainsi de suite toute la journée. Ce système permet d’absorber jusqu’à 1,5 microgramme de vitamine B12 par session de 6 heures. Lorsqu’on ne dispose pas de produits enrichis à consommer à chaque repas, il faut prendre une dose unique de 10 microgrammes pour espérer que l’ensemble des facteurs intrinsèques produits au cours d’une session soient chargés d’une lettre (B12), et que tous les récepteurs soient bien saturés. C’est un peu comme les chaises musicales. Lorsqu’une bonne partie des boîtes aux lettres sont déjà pleines, beaucoup de facteurs vont jouer de malchance et ne jamais trouver une boîte aux lettres à remplir (finissant leur course où vous savez). Il en faut donc un maximum pour être sûr que tous les récepteurs voient passer un facteur, même les moins faciles à atteindre. Ce système à prise unique de 10 microgrammes (µg) permet donc lui aussi d’absorber 1,5 microgramme (µg) de vitamine B12.

« Mais alors, à quoi ça sert d’en prendre plus si on ne peut pas l’assimiler ? »

On va se servir d’une autre image, certainement un peu triste, mais qui illustre assez bien ce qu’on appelle le mécanisme d’absorption passive, très différent du mécanisme d’absorption active décrit jusqu’à présent.

Une tortue de mer abandonne ses œufs à leur sort après les avoir pondus, pour repartir sillonner les océans. Ils éclosent tous en même temps (c’est important pour la survie de l’espèce). Tous les bébés se dirigent vers la mer, mais, malheureusement, peu y arriveront. Les prédateurs sont là ! Seul le grand nombre des bébés garantit que certains vont réussir à passer. Pour la vitamine B12, c’est pareil. Quand elle est prise en grande quantité, il va y avoir une énorme perte au feu, mais, au bout du compte, certaines molécules vont arriver à passer dans le sang. Elles ne passeront pas par les boîtes aux lettres (dont l’équipe des facteurs a le monopole) mais parviendront à trouver des petites failles pour passer. C’est ce qu’on appelle la diffusion. Mais à quel prix ? C’est comme si moins de 1 tortue sur 100 arrivait jusqu’à la mer indemne. Récapitulons :

  • Les facteurs assurent les besoins journaliers avec des apports réguliers d’environ 1 microgramme trois fois pas jour, grâce aux équipes du matin, du midi et du soir.
  • Quand on ne prend qu’une dose par jour, il faut saturer le système des postes pour parvenir au même résultat, avec une prise de 10 microgrammes.
  • Quand on ne prend de la vitamine B12 qu’une seule fois par semaine, les équipes de facteurs refusent de travailler plus que d’habitude. Alors il faut vraiment charger la bulle* pour qu’une quantité de vitamine B12 suffisante arrive à passer dans le sang par les failles. Il faut garantir le même niveau d’apports sur 7 jours, soit 1,5 microgramme (µg) absorbé x 7 jours = 10,5 microgrammes (µg) hebdomadaires absorbés.

Il ne faut donc pas y aller avec le dos de la cuillère ! Il faut carrément une horde sauvage de 2000 microgrammes (µg) pour garantir de faire passer dans le sang la quantité de B12 qui permet de tenir la semaine entière.

En cas de carence, la prise de 1000 microgrammes par jour pendant un à deux mois permet de garantir les apports journaliers et de refaire les stocks plus rapidement. Cela présente également un niveau de sécurité intéressant lors d’une carence, car tout éventuel défaut d’absorption active se trouverait contourné, le cas échéant (quand les facteurs sont en grève).

Quelques libertés ont été prises par rapport à la réalité scientifique pour privilégier la compréhension. Les mécanismes de base et les termes ont été simplifiés pour expliquer pourquoi, plus les doses sont espacées, plus il faut prendre de grandes quantités.

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